L’histoire de France
J’ai été impliquée dans un accident automobile avec mon neveu le 17 août 2011 à Notre-Dame-du-Nord. J’avais 35 ans et lui 11 ans. Ça s’est passé en automne lorsque je faisais une commission au village, pour mon père car je m’occupais de lui qui avait un cancer. Ma voiture s’est fait percuter par un camion 4X4 avec des barres en métal en avant. Le camion a frappé ma voiture du côté gauche pour ensuite nous envoyer dans le fossé. Je sortais d’une cour qui se trouvait dans une courbe. À cause d’une grosse pancarte qui bloquait carrément ma vision du côté gauche, j’ai fait mon arrêt après le stop. Je me souviens d’avoir regardé à droite et à gauche, puis je suis repartie. Je ne me suis jamais rendu compte de l’impact, je me rappelle seulement d’avoir vu un flash blanc.
Les secouristes m’ont transférée de l’hôpital de Ville-Marie vers celle de Notre-Dame-du-Nord puis à l’hôpital Sacré-coeur de Montréal car j’avais trop de fractures au bassin et ma petite sœur ne voulait pas que le chirurgien ampute ma jambe gauche. Après 5 jours de coma, je me suis réveillée à l’hôpital Sacré-cœur. Par la suite, j’ai perdu un bout. Je ne me rappelle que de la douleur atroce dans tout mon corps. J’ai subi beaucoup de blessures : clavicule gauche cassée, 5 côtes gauches fracturées, mes poumons affaissés, ma glande surrénalienne endommagée, perte d’un certain pourcentage du rein gauche, mes genoux tordus, ma vision est devenue double, difficulté à parler. La blessure qui a changé ma vie et la perception que j’ai de la vie, ce sont les fractures au bassin : j’ai deux vis au sacrum qui relient la hanche en permanence sans parler de la douleur chronique. De plus, je dois vivre avec les séquelles du traumatisme crânien : tels que la fatigue chronique, le trouble de mémoire, la perte de contrôle pour gérer mes émotions et je n’ai plus de filtres.
Ce n’est pas au début, que j’étais au bord du désespoir mais plutôt lorsque j’ai réalisé que ma vie ne serait plus jamais la même. J’étais une très grande sportive, je travaillais et j’allais aux études… Mauvaise nouvelle, les spécialistes m’ont dit que je devrais ralentir mon rythme et découvrir d’autres choses de plus calme.
Aussi, dans ma malchance, j’ai failli, à un centimètre prêt, rester paralysée dans le cou et dans les jambes à cause de la ceinture de sécurité qui n’était pas attachée. Heureusement pour moi, je peux marcher, parler et voir. J’ai demandé aux spécialistes si je pouvais avoir des enfants, car je n’en ai pas. Ils m’ont tous répondu : « Peut-être un jour, mais de ne pas mettre d’emphase là-dessus. » J’ai poussé un profond soupir et je me suis dit que ce n’était pas grave, que j’allais guérir.
Après environ 2 mois d’hospitalisation, j’ai pu enfin retourner dans ma famille. Les jours, les mois, les années passent et j’apprends que je ne pourrai plus jamais avoir d’enfant, je risquerais de rester paralysée soit à 50% à cause de l’épidurale et 50% à cause de mes deux vis. Cette nouvelle dévastatrice m’a anéantie! Ne plus pouvoir poursuivre de hautes études (intervenante sociale) ni de travail physique (construction et peintre en bâtiment). Pour moi, je ne voyais plus ce que je pouvais accomplir d’intéressant dans ma vie professionnelle et dans ma vie privée. J’ai commencé à me questionner sur mon existence. Pourquoi suis-je même en vie?
Ce qui m’a permis de continuer d’avancer, c’est ma famille car je l’aime ainsi que mon petit chien « Saucisse » et mon chat. Pour faire le processus de mon deuil d’être mère un jour, je me console en aidant mes deux sœurs et mon frère avec leurs enfants aussi avec mes filleuls et ma filleule. De plus, je passe du temps avec les enfants de mes amis (es).
Suite à l’accident, après 6 ans, j’ai décidé que j’allais vivre pour moi-même et m’accepter comme je suis. Je ne vais pas être la personne parfaite pour quelqu’un, je vais juste prendre ce moment et le rendre parfait pour moi-même. J’ai décidé de combattre mes peurs et de les affronter une à la fois. Savez-vous qu’elle est ma plus grande peur? De ne plus pouvoir travailler! J’ai décidé que ce n’était qu’une peur. Je me suis libérée en lui rendant sa liberté. J’ai toujours été une personne persévérante et je le suis toujours malgré mes émotions « fructueuses » (des hauts et des bas). Je n’ai jamais abandonné et je n’abandonnerai pas non plus même si je frôle le désespoir par bout.
Pour mon avenir, pour l’instant, j’accepte mon invalidité et j’envisage un retour aux études, selon mes capacités. Peut-être qu’un jour une porte sur le marché du travail s’ouvrira pour moi selon mes capacités. D’ici là, je fais ce que je suis capable de faire, je participe à des activités, à des ateliers, à des conférences, etc. avec le groupe du Pilier, l’Association des traumatisés crâniens de l’Abitibi-Témiscamingue pour mieux cheminer dans ma vie. Mon intention est de me concentrer et surtout d’avoir un bon moral et un bon mental équilibré.